Ce n’est pas une nouvelle que Javier Tebas n’est pas favorable à l’expansion toujours plus importante des compétitions de clubs. Aujourd’hui, le président de la Ligue espagnole exige pour la première fois un droit de veto pour les ligues en vue du statu quo.
« Aucune compétition ne devrait plus être modifiée sans l’accord de toutes les ligues », « Nous ne voulons plus de réformes dans les compétitions européennes, la Coupe du monde des clubs et les championnats du monde réguliers sans l’accord de tous. Nous devons voir les dégâts et dire : ça suffit ! »
« Les pots sont comme un gâteau, la répartition joue un rôle »
Tebas voit surtout les dégâts dans la pression croissante exercée sur les ligues nationales : « Tout ce qui s’est passé depuis la réforme de la Ligue des champions en 2016 enlève de l’espace et de l’attention aux ligues nationales. Il ne s’agit pas seulement des joueurs, mais de tout l’écosystème du football, avec le calendrier et les droits médiatiques qui se différencient de plus en plus. » L’Espagnol estime à X le montant que les médias, qu’il s’agisse de chaînes de télévision, de services de streaming ou de radio, sont prêts à payer. Plus les compétitions de clubs de l’UEFA ou la Coupe du monde des clubs de la FIFA, qui prend de plus en plus d’ampleur, absorbent de fonds, moins il en reste pour les différentes ligues et donc pour la base de la compétition : « Les fonds des plateformes de diffusion sont comme un gâteau, et le fait qu’il soit partagé entre 10 ou 20 acteurs a son importance. La majorité des clubs n’ont pas accès aux nouvelles compétitions en Europe ni à la Coupe du monde des clubs. »
Selon cet homme de 63 ans, le poids s’est déplacé vers les grands clubs :
« Il y a 15 ans, les ligues nationales étaient le centre économique du football. » Selon son analyse, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Il s’agit là plus que d’une polémique ou d’une critique, mais d’un diagnostic systémique qui décrit une rupture structurelle historique vers une super-élite de clubs et de joueurs.
« Les petites et moyennes ligues sont déjà touchées »
« Les ligues petites ou moyennes sont déjà fortement touchées », prévient-il, citant l’exemple de la ligue belge, dont les revenus médiatiques ont chuté de 20 %. Si la Liga a réussi à défendre sa position, l’Allemagne n’a connu qu’une croissance de 2 % et « en Italie et en France, les revenus liés aux droits ont diminué ». La ligue suisse en est un bon exemple : « Les clubs qui y participent à la Ligue des champions reçoivent près de 30 millions d’euros, tandis que l’équipe suivante de la ligue reçoit 5 millions d’euros. Cela nuit à la compétitivité. »
À terme, cela pourrait également menacer les grandes ligues : « C’est un message adressé aux grands clubs :
Cette évolution vous prive des revenus des clubs nationaux des clubs petits et moyens. Mais vous avez besoin de concurrence pour obtenir au moins les mêmes revenus médiatiques. » À long terme, le déclin résultant d’un rapport de force figé ne peut être compensé par l’argent provenant d’Europe.
Mais que faire ? Tebas met l’UEFA face à ses responsabilités et se penche en particulier sur les règles de gouvernance en ce qui concerne l’association des grands clubs ECA, avec laquelle la confédération entretient une joint-venture qui détermine en principe le système et la répartition des fonds des compétitions de clubs de l’UEFA. « La CJUE a désigné l’UEFA comme propriétaire des compétitions de clubs, mais l’UEFA doit remplir une condition : elle doit garantir la compétitivité, y compris dans les ligues nationales », rappelle Tebas en référence à l’arrêt de la Cour de justice européenne sur la Super Ligue. « Il faut donc un meilleur équilibre entre les petits, moyens et grands clubs. Je n’ai pas l’impression qu’ils essaient de trouver cet équilibre. »
