Après l’accident mortel de Marco Simoncelli, le docteur Angel Charte a réorganisé la structure d’urgence et les soins médicaux du MotoGP
Après la mort tragique de Marco Simoncelli à Sepang en 2011, la structure médicale du MotoGP a été profondément réorganisée. Le docteur Angel Charte, originaire d’Espagne, est devenu la figure clé de ce projet et reste aujourd’hui encore le « ange gardien » du paddock MotoGP.
« Je dirige le service médical de l’hôpital universitaire Dexeus, qui appartient au groupe Quiron. Je suis médecin spécialiste en médecine interne et en soins intensifs. Je travaille ici depuis 2012, à la suite du terrible accident de Marco Simoncelli en Malaisie. »
« Carmelo Ezpeleta m’a contacté à l’époque par l’intermédiaire du docteur Xavier Mir », se souvient Charte dans une interview accordée à Motorsport.com Espagne.
« Mir est l’un des spécialistes les plus éminents qui travaillent depuis de nombreuses années avec le MotoGP et ses pilotes. On m’a demandé si je pouvais mettre en place une unité spéciale pour les patients gravement blessés et dans un état critique. »
J’ai alors présenté un concept entièrement nouveau », explique Charte en détail : « Deux unités de soins intensifs entièrement fonctionnelles, prêtes à intervenir directement sur le circuit. Nous enregistrons environ 1 200 à 1 300 chutes par an sur l’ensemble du championnat du monde.
« Parmi celles-ci, huit à neuf blessés graves ou en danger de mort. Notre objectif est de donner une chance de survie aux pilotes gravement blessés, et nous y sommes parvenus dans la plupart des cas au cours de ces 14 dernières années. »
« Mais ce n’est pas un monde facile », admet Charte. « Malheureusement, nous avons eu deux décès : Luis Salom (2016) et Jason Dupasquier (2021). Mais les pilotes quittent toujours le paddock vivants. Toujours », souligne Charte, rappelant sa mission principale.
« C’est autre chose lorsque nous arrivons à l’hôpital et que les blessures s’avèrent incompatibles avec la vie. Dans ce cas, nous avons malheureusement les mains liées. Mais de l’asphalte à l’hôpital, nous les amenons toujours vivants », précise-t-il.
Les pilotes savent dans quoi ils s’engagent
Heureusement, la sécurité fait l’objet d’une attention constante. Des soins médicaux aux équipements des pilotes, en passant par les circuits. Un pilote qui chute à plus de 250 km/h et qui est projeté dans le gravier : difficile à imaginer pour les profanes.
« On ne devient pas pilote de MotoGP du jour au lendemain. Ces athlètes grandissent avec le risque. Ils savent exactement dans quoi ils s’engagent », explique Charte. « Ils ont de nombreuses années d’expérience et maîtrisent chaque mouvement dans les moindres détails. »
« On me demande souvent si certains de ces pilotes sont fous. Je réponds toujours la même chose : « En toutes ces années, je n’ai jamais rencontré un seul pilote fou. J’ai rencontré des pilotes techniques, d’autres plus agressifs, mais aucun fou. »
« Ils savent très bien ce qu’ils font et comment gérer la peur. » Charte lui-même alterne entre le quotidien de la clinique en semaine et le circuit le week-end. Deux mondes qui ne pourraient être plus opposés.
« La différence entre l’hôpital et le MotoGP, c’est qu’ici, on ne sait jamais ce qui nous attend quand le téléphone sonne ou que le drapeau rouge est brandi. Je travaille de la même manière dans les deux domaines. »
« J’adore mon métier, je m’y investis toujours à fond, et si un jour ce n’est plus le cas, j’arrêterai les deux. Je suis un homme d’action. Ma vie a toujours été axée sur mon métier. Peut-être que ma famille en a pâti. »
« Mais c’est la seule chose que j’aime faire et la seule chose que je sais vraiment faire. Je ne sais même pas changer une ampoule… Je suis heureux de ce que je fais », avoue Charte, un médecin expérimenté et respecté à qui le MotoGP doit son soutien médical.






