La FIFA a raccourci d’une semaine la période de mise à disposition des joueurs pour la Coupe d’Afrique des nations, et ce à très court terme. Cette décision suscite désormais de vives critiques de la part des entraîneurs nationaux. Pour le président Infantino, cette affaire est également explosive.
Lorsque Gianni Infantino rencontrera les représentants des pays africains participants vendredi soir lors du tirage au sort de la Coupe du monde, le président de la FIFA devra peut-être répondre à quelques questions délicates. Mercredi, la fédération internationale a annoncé le report au 15 décembre du début de la période de mise à disposition pour la prochaine Coupe d’Afrique des nations. La date initialement prévue était le 8 décembre, conformément au règlement de la FIFA.
Celles-ci stipulent en effet qu’un joueur doit être libéré par son club « au plus tard le lundi matin de la semaine précédant le début de la phase finale concernée ». La Coupe d’Afrique des nations débutant le dimanche 21 décembre avec le match d’ouverture entre le Maroc, pays hôte, et les Comores, la date limite pour la mise à disposition serait donc le 8 décembre.
Cependant, les clubs européens et l’UEFA en particulier avaient insisté pour que la libération ait lieu plus tard. La FIFA avait alors cédé, soulignant notamment que la période de libération avant la Coupe du monde 2022, qui débutera également en décembre, n’avait commencé qu’une semaine avant le tournoi.
Les joueurs internationaux africains resteront donc une semaine de plus dans leurs clubs, mais ne seront disponibles pour les équipes nationales que quelques jours avant le premier match du tournoi. Dans son communiqué officiel, la FIFA a remercié la Confédération africaine de football (CAF) pour sa solidarité et ses « efforts visant à réduire l’impact sur les différentes parties » et a demandé que des « solutions individuelles » soient trouvées en cas de litige.
Ainsi, l’entraîneur de Manchester United, Ruben Amorim, dont l’équipe disputera encore un match de championnat le 15 décembre, avait déjà annoncé vouloir « trouver un arrangement » afin que des joueurs tels qu’Amad (Côte d’Ivoire) ou Bryan Mbeumo (Cameroun) restent disponibles plus longtemps. C’est justement ManUnited qui avait déjà créé la surprise lors de la Coupe d’Afrique des nations 2024, lorsque le gardien André Onana avait joué pour les Red Devils en Premier League moins de 24 heures avant le match d’ouverture du Cameroun. Le gardien n’a pas été sélectionné pour le tournoi de cette année.
Le changement de date de libération suscite de vives critiques en Afrique, notamment parce que la décision a été prise à très court terme. De nombreuses fédérations, souvent déjà en difficulté financière, avaient depuis longtemps organisé l’hébergement, les déplacements et les matchs amicaux et doivent désormais revoir leurs plans.
Un camp d’entraînement qui n’en est plus un
« Frustrant et épuisant », c’est ainsi que Patrice Beaumelle, l’entraîneur de l’Angola, qualifie la décision de la FIFA. « Nous avions déjà terminé les préparatifs depuis la dernière fenêtre internationale et voulions organiser notre camp d’entraînement le 8 décembre en Algarve. Je suis sur place depuis un mois et demi, nous avions tout préparé : le contenu des séances d’entraînement, les lieux des matchs amicaux. Maintenant, tout est remis en question. »
L’Angola disputera son premier match contre l’Afrique du Sud le 22 décembre, le vol pour le Maroc est prévu le 18 décembre, soit seulement trois jours après le début de la période de mise à disposition. « On ne peut plus parler de stage d’entraînement », déclare Beaumelle. L’entraîneur du Gabon, Thierry Mouyouma, déplore qu’on ait voulu disputer deux matchs amicaux et qu’il faille désormais se contenter d’un seul, sans même avoir trouvé d’adversaire. Et l’entraîneur du Mali, Tom Saintfiet, critique le « manque de respect » de la FIFA envers le football africain.
Cette affaire est d’autant plus explosive que la Coupe d’Afrique des nations aurait dû avoir lieu cet été. Mais en raison de la Coupe du monde des clubs qu’elle a initiée, la FIFA a insisté pour la reporter à l’hiver, ce qui fait resurgir le problème bien connu des mises à disposition pendant les compétitions de clubs. Le fait que les nations africaines doivent à nouveau faire des concessions n’est pas bien accueilli, d’autant plus qu’Infantino se présente volontiers en public comme un partisan du football africain et peut compter sur un large soutien lors des élections à la présidence.
Des critiques émanent désormais également d’Europe. Habib Beye, l’entraîneur sénégalais du club de Ligue 1 Stade Rennes, a ainsi pris la défense des sélectionneurs africains, bien qu’il profite lui-même du fait que ses joueurs Mahamadou Nagida (Cameroun), Seko Fofana (Côte d’Ivoire) et Abdelhamid Ait Boudlal (Maroc) soient désormais à sa disposition plus longtemps. « Nous sommes bien sûr heureux de pouvoir compter sur nos joueurs jusqu’au 15 décembre », a déclaré Beye. « Mais si l’on se range du côté des entraîneurs et des fédérations, je trouve que ce n’est pas juste. » On a « l’impression qu’on peut faire ce qu’on veut avec la Coupe d’Afrique, ce qui n’est pas le cas dans d’autres fédérations et d’autres compétitions ».
On peut faire ce que l’on veut avec la Coupe d’Afrique des nations.






