mercredi, octobre 8, 2025
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Chronique : La grande vision du WRC pour 2027 : vers l’avenir ou dans l’impasse ?

Le WRC veut prendre un nouveau départ en 2027 avec un nouveau règlement. Mais selon le rédacteur Tom Howard, ce plan ambitieux pourrait bien se retourner contre lui

Les plans pour la grande refonte technique du championnat du monde des rallyes (WRC) en 2027 devraient apporter un vent de fraîcheur : nouvelles règles, coûts réduits, plus d’égalité des chances et, dans l’idéal, plus de constructeurs. La réalité est toutefois décevante : selon Richard Millener, directeur de l’équipe M-Sport, cela pourrait même aboutir à un championnat monomarque.

Et il ne s’agit pas seulement d’une préoccupation exagérée : le calendrier est extrêmement ambitieux, les détails des règles ne devant être finalisés qu’à la fin du mois d’août, soit seulement 16 mois avant la mise en service prévue des nouveaux véhicules. Pour le développement d’une voiture entièrement nouvelle, il s’agit d’un tour de force qui, selon Millener, est difficilement réalisable. En effet, dans la pratique, les constructeurs ont généralement besoin de 18 mois ou plus pour la conception, la construction et les essais.

L’optimisme de la Fédération internationale de l’automobile (FIA), qui prévoit de mettre 20 voitures sur la ligne de départ d’ici 2027, semble presque naïf au vu de ces faits. La FIA peut bien souligner que les constructeurs disposent déjà de suffisamment d’informations pour se lancer, cela ne change rien à l’incertitude qui règne, en particulier chez les équipes établies telles que Toyota, Hyundai et M-Sport. Aucun des constructeurs actuels n’a encore confirmé sa participation sous le nouveau règlement.

Qui va le construire ?

Millener résume la situation : « Si la FIA pense que de nouveaux constructeurs ou préparateurs se préparent en coulisses, c’est bien sûr fantastique. Mais pour l’instant, je ne vois personne qui sera définitivement prêt à présenter une voiture en 2027, à part peut-être un seul constructeur. »

Et c’est précisément là que réside le problème : si, en 2027, une seule équipe prend le départ avec une voiture homologuée, le WRC risque bien plus qu’un simple recul sportif. Ce serait une atteinte à son image que le championnat ne peut se permettre, surtout sur un marché mondialement concurrentiel comme celui du sport automobile.

Hyundai sur le départ ?

Outre la question de savoir qui construira une voiture, la question se pose également de savoir si certains constructeurs poursuivront leur engagement. Hyundai, par exemple, hésite à s’engager pour 2026, dernière année des règles Rally1 actuelles. Le projet de miser exclusivement sur les moteurs à combustion en 2027 et de n’introduire les motorisations électriques que plus tard ne suscite guère d’enthousiasme. Surtout au vu des mutations que connaît le secteur automobile, où la durabilité, l’électrification et la pertinence pour la production en série sont déterminantes.

Cyril Abiteboul, directeur de l’équipe Hyundai, met en garde à juste titre : « Nous avons besoin d’un règlement qui attire davantage de constructeurs, et non qui les dissuade. » Si des constructeurs importants tels que Hyundai se retirent du sport automobile, ce n’est pas seulement une perte sur le plan sportif, mais aussi un coup porté à la confiance dans l’orientation de l’ensemble du championnat.

La FIA entre ambition et réalité

Il incombe désormais clairement à la FIA de trouver le juste équilibre entre vision et faisabilité. Bien sûr, les nouvelles règles doivent être plus attrayantes, mais aussi plus simples et moins coûteuses, sans pour autant sacrifier la sécurité. Un règlement trop ambitieux peut être tout aussi dissuasif qu’un règlement trop conservateur.

Le directeur technique de la FIA, Xavier Mestelan-Pinon, souligne certes que l’on souhaite écouter toutes les parties et ne pas conclure de « compromis incertains ». Mais le temps presse. Et tandis que certains nouveaux intéressés travaillent peut-être déjà en coulisses, les acteurs établis menacent de se retirer.

Conclusion : le WRC risque de prendre un départ à l’aveugle

Ce qui devait être un nouveau départ risque de se transformer en une course en solitaire, avec, dans le pire des cas, un seul constructeur. L’idée derrière le WRC 2027 est bonne : réduire les coûts, supprimer les obstacles à l’entrée et élargir le champ des participants. Mais sans calendrier réaliste, sans communication claire et sans la confiance des constructeurs, même le meilleur règlement ne vaut rien.

Tout n’est pas encore perdu. Mais les prochains mois seront décisifs pour savoir si le WRC entrera dans une nouvelle ère ou s’il se mettra lui-même dans une impasse.

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