Une analyse des résultats de la saison MotoGP 2025 jette le doute sur l’affirmation selon laquelle Ducati devrait sérieusement craindre la menace d’Aprilia.
Les progrès indéniables réalisés par Aprilia cette année ont conduit de nombreux observateurs et experts à affirmer que la domination de Ducati au cours des dernières saisons était désormais menacée par le constructeur de Noale.
Cependant, une analyse approfondie des données de cette saison suggère que la stagnation tant discutée de Ducati dans le paddock n’est rien d’autre qu’une illusion.
Il est indéniable que les chiffres absolus de Ducati cette année sont inférieurs à ceux de la saison précédente. Mais la saison dernière a été une campagne record pour les rouges : 19 victoires sur 20 possibles (95 %), 53 podiums sur 60 (88,3 %) et 14 Grands Prix avec un podium composé uniquement de pilotes Ducati. Au total, la marque a obtenu 722 points sur un maximum de 740 possibles (98 %).
Au cours de la saison qui vient de s’achever, les chiffres ne sont pas tout à fait aussi exceptionnels, mais ils n’en sont pas loin : 17 victoires en 22 courses (77,3 %), remportées par quatre pilotes différents. À cela s’ajoutent 44 podiums sur 66 (66,6 %) et sept Grands Prix avec trois Ducati sur le podium.
Au final, Ducati a récolté 768 points sur 814 possibles (94 %). Le ratio de 2024 a certes diminué, mais l’idée selon laquelle les statistiques de 2025 seraient nettement moins bonnes ne résiste pas à un examen plus approfondi de ces chiffres.
En réalité, il s’agit toujours de la deuxième meilleure saison de l’histoire de Ducati. Et surtout, plusieurs facteurs ont clairement influencé cette légère baisse.
Moins de motos et un Marquez blessé
Deux de ces facteurs ressortent particulièrement : Ducati a réduit le nombre de ses motos de huit à six, et Marc Marquez, le pilote vedette de la marque, s’est gravement blessé au début du Grand Prix d’Indonésie.
En raison des dommages subis par son bras droit déjà blessé, il a manqué les quatre derniers week-ends de la saison. Coïncidence ou non, trois des quatre victoires d’Aprilia cette année (Australie, Portugal et Valence) ont eu lieu précisément pendant cette période.
Il est également intéressant de noter que jusqu’à l’Australie, première course manquée par Marquez, Ducati avait remporté 16 des 18 courses disputées. Les seules exceptions ont été Silverstone, où le pilote Aprilia Marco Bezzecchi a remporté la victoire après une panne moteur sur la Yamaha de Fabio Quartararo, et Le Mans, où la pluie a offert une chance inespérée à Johann Zarco et à sa Honda.
À cela s’ajoute le fait que Pramac, désormais équipe satellite de Yamaha, a quitté Ducati, ce qui, comme mentionné précédemment, réduit de deux le nombre de Desmosedicis en piste, soit une perte de 25 %.
Et il ne s’agissait pas de n’importe quel quart, mais de l’équipe championne du monde en titre de 2024, qui avait contribué à trois victoires et 16 podiums avec Jorge Martin au cours de cette saison, avant que l’Espagnol ne devienne finalement champion du monde.
Aprilia enregistre une augmentation, mais est-ce suffisant ?
Aprilia, quant à elle, est passée d’une victoire en 2024 (Maverick Vinales à Austin) à quatre cette saison (3x Bezzecchi, 1x Raul Fernandez). Cette seule victoire au Texas avait également été le seul podium d’une année autrement difficile, alors qu’Aprilia avait sabré le champagne à onze reprises au cours de la saison 2025.
Les 302 points de l’année précédente (41 % du total possible) sont passés à 418 points (51,4 %), soit une augmentation de 10 %. Aprilia a ainsi enregistré la deuxième plus forte augmentation de tous les constructeurs, derrière Honda.
C’est certainement une raison d’être fier. Mais en déduire automatiquement qu’Aprilia représente désormais une véritable menace pour Ducati est une conclusion que même Bezzecchi ne tire pas (encore).
« Nous aimerions être les rivaux de Ducati, mais chaque année est une nouvelle histoire et rien n’est acquis. Nous devons conserver cette mentalité et nous concentrer sur notre travail. Ducati partira favorite », a-t-il analysé à Valence, avant même de remporter dimanche sa troisième victoire de la saison. « Marc [Marquez] a remporté le titre mondial avec cinq courses d’avance, donc deux victoires ne suffisent pas pour me considérer à son niveau. »
